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Contexte sanitaire et tourisme de proximité obligent, pour leur vacances d’été de nombreux Français vont privilégier le camping-car. A l’achat ou à la location, certains vont utiliser pour la première fois ce moyen de transport et de camping. Derrière la promesse de vacances en liberté, où peut-on véritablement stationner et camper en camping-car ? Avant de prendre la route, voici les règles de base à connaître pour s’arrêter et faire étape en toute tranquillité.

Les camping-caristes chevronnés le savent, quand il s’agit de trouver un emplacement pour visiter certaines villes ou sites touristiques, le stationnement peut s’avérer vite épineux. Si une majorité de communes – conscientes des retombées économiques –, développent les aires d’accueil et de services, d’autres imposent des interdictions plus ou moins légales.

Le camping-car, une auto (presque) comme les autres

Malgré son gabarit imposant, il faut savoir qu’un camping-car est un véhicule automobile comme un autre. La loi est très claire en la matière (art. R. 221-4, R311-1 du code de la route). Le camping-car qui se conduit avec un permis de tourisme B (poids inférieur à 3,5 tonnes) appartient à la catégorie des véhicules M1, comme une automobile. Parfois appelé autocaravane dans les textes, c’est à dire caravane automotrice, le camping-car est considéré comme véhicule et moyen de séjour.

Les problèmes de stationnements agacent les campingcaristes, surtout l’été. Pourtant légalement, un camping-car à la possibilité de stationner partout où une voiture particulière est en droit de le faire.

En l’occurrence, en sa qualité de véhicule automobile, le camping-car ne peut se voir appliquer des règles différentes, pour sa circulation et son stationnement sur la voie publique. Sauf spécificité de tonnage ou de gabarit, un camping-car est autorisé à se garer le long de la chaussée. Comme tout véhicule il ne doit pas occasionner un stationnement gênant tel que définit par le code de la route (visibilité insuffisante, proximité d’intersection, virage, ou s’il oblige un autre véhicule à franchir une ligne continue).

Quelle différence entre stationner et camper ?

Il est très important pour un camping-cariste de bien distinguer stationner et camper, afin de ne pas se mettre dans l’illégalité.

Le camping-car stationne lorsque :
– ses roues sont posées sur le sol sans cale ni vérin
– aucune installation ne déborde à l’extérieur du gabarit routier : marchepied, auvent, baie ouverte…
– aucun acte de camping n’est pratiqué : installation de table, chaise, linge, BBQ…

A contrario, vous l’aurez compris, votre camping-car est en situation de camping dès qu’il présente un des cas de figure précédemment cité. Un marchepied déployé durablement, une simple chaise sortie, une cale sous la roue, et vous voilà en train de camper. On a parfois tendance à oublier cette subtilité sur des sites naturels où le camping est strictement interdit, attention à l’amende !

Où stationner en camping-car ?

Dans l’absolu un camping-car stationne librement où il le souhaite, le Code de l’urbanisme (art. R. 11-40, 41 et R.421-3) réaffirme le principe de la liberté de stationner du camping-car, cette liberté est cependant limitée à des fins de protection d’espaces naturels ou de sites inscrits.

Un camping-car peut stationner sur la voie publique : rue, parking, aire de stationnement. Une fois garé sur l’emplacement autorisé, il a le droit de stationner de jour comme de nuit (sans cale et sans objet extérieur). La loi n’autorise pas pour les camping-cars : le stationnement de plus de 7 jours sur un même emplacement de parking, de plus de 3 mois sur une terrain aménagé (sauf autorisation). Enfin sur un terrain privé, le camping-cariste doit avoir l’accord du propriétaire.

Le camping-car a parfaitement le droit de se garer sur les places de stationnement le long de la chaussée. Néanmoins son gabarit doit le permettre, il ne doit pas gêner la circulation routière ni les piétons.

Du fait de son gabarit le camping-car ne peut cependant pas stationner partout. Parkings souterrains inaccessibles (hauteur), places étroites (marquage au sol), mais également interdictions par certaines communes (dans ce cas elles ne doivent pas concerner exclusivement les camping-cars mais tous les véhicules de même gabarit et poids). Pour palier à cela il existe de nombreux lieux dédiés exclusivement à l’accueil des camping-cars : aires d’accueil et de stationnement, aires de services, etc. (voir la liste ci dessous).

Enfin, une fois votre maison sur roue garée, sachez que vous êtes autorisés à vous restaurer et à dormir dans votre camping-car (idem pour un automobiliste dans sa voiture). A condition, toujours, de ne sortir aucun équipement, de n’effectuer aucune évacuation (eaux sales), et de ne produire ni déchet, ni nuisance sonore.

Où camper en camping-car ?

Une fois partis sur les routes à bord de son camping-car, on a vite hâte de trouver ce petit coin de paradis où installer une table de camping. Qui n’a pas rêvé de camping sauvage au bord d’une étendue d’eau ou en pleine nature ? C’est aller un peu vite en besogne… Si l’on peut stationner presque partout en camping-car, la pratique du camping s’effectuera principalement dans les endroits réglementés.

Si ce couple peut camper au bord de ce lac, soit le propriétaire des lieux l’autorise, soit le site n’indique pas d’interdiction formelle de le faire.

Comme l’énonçait déjà un manuel de camping en 1918 : « En France, aucune parcelle du sol n’est sans maître. Il en résulte que le campeur devra toujours être muni d’une autorisation ». Ce principe prévaut toujours, 100 ans après. Le camping (sous tente, en camping-car ou en caravane) est pratiqué librement… avec l’accord de celui qui a la jouissance du sol.

Les textes réglementaire fixent cependant des limites à cette liberté, la pratique du camping est interdite :
– sur l’emprise des routes et des voies publiques (chaussée et accotement)
– sur les rivages de la mer
– dans les sites classés et protégés
– dans les réserves naturelles
– dans les périmètres de protection des points d’eau captée pour la consommation
– dans certaines zones fixées par arrêtés (commune ou état)

Ces interdictions doivent être portées à la connaissance du public au moyen d’affiches en mairie et de panneaux sur les principales voies d’accès. En résumé le camping est autorisé… là où il n’est pas interdit ! Et le camping sauvage (au sens camping libre) soumis à autorisation du propriétaire des lieux.

Fort heureusement la France dispose d’un très riche réseau d’accueil à destination des camping-cars sur tout le territoire. Des lieux pour camper, mais surtout des lieux adaptés aux aspects pratiques du camping-car : pou r l’alimentation en eau et électricité, les vidanges des eaux ménagères (eaux grises) et des WC chimiques, le dépôt des déchets. Les nouveaux utilisateurs doivent avoir à l’esprit cette notion d’étape technique, incontournable, elle doit être prise en compte dans la recherche de lieux de stationnement et de camping.

Les structures d’accueil pour camping-cars

En dehors de la voie publique, de nombreuses sites sont aménagées spécialement pour accueillir les camping-cars, il ne faut pas s’en priver. D’autant que certains sont gratuits et offrent la possibilité de stationner plus longtemps. Le choix de lieux pour faire étape est très large :

Les aires de services : proposées par les communes, elles sont dédiées exclusivement aux opérations sanitaires : vidange eaux grises, vidange WC chimique, alimentation eau potable, dépôt des ordures. Ces aires sont pour la plupart équipées de bornes automatiques avec monnayeur. Elles n’ont pas vocation à être des aires de stationnement, sauf à être annexées à un parking. Les aires de services se trouvent aussi bien en zone rurale, touristique, que dans les campings, parking de supermarchés, stations services, aires d’autoroutes.

Les aires d’accueil, de stationnement ou d’étape : il s’agit d’aires aménagées spécialement pour les camping-cars (parfois pas exclusivement) souvent dans un environnement arboré et calme. On en trouve à proximité de sites ruraux, centres d’intérêts touristiques ou de commerces. Ces aires peuvent être gratuites ou payantes, la durée de stationnement y est limitée à 24h ou 48h. Certaines sont très sommaires, d’autres bénéficient de grands espaces très équipés, avec tables de pique-nique, jeux, et aires de service.

L’aire de campings-cars des Grands-Près, près de l’Espace Loisirs d’Objat en Corrèze (19).

Les campings : 1er parc de campings d’Europe (2ème dans le monde), la France possède 8.000 campings (900.000 emplacements), prêts à accueillir les camping-cars. Leur niveau de services varie selon leur nombre d’étoile. En partenariat avec la FFCC (Fédération des campeurs, caravaniers et camping-caristes), environ 400 campings proposent des “Stop Accueil camping-car” limités à une nuit, à tarifs préférentiels. 1600 campings labellisés “Camp’in France” accordent des réductions (jusqu’à 50%) aux adhérents de la fédération.

Depuis 2000, un arrêté autorise les campings à créer une aire de service et de stationnement à l’entrée du terrain. Ici l’aire du Platin à Rivedoux-Plage, Île de Ré (17)

Les campings à la ferme : ils peuvent accueillir un maximum de 6 camping-cars sur une surface minimum de 150 m². Très appréciés des familles, situés dans des exploitations agricoles en activité, ils proposent : eau potable, salle d’eau, WC, poubelles, système de branchement électrique, un abri couvert.

Les villages étapes : à l’initiative de la Fédération Française des Villages Etapes (FFVE), des communes de moins de 5000 habitants, situées à proximités d’axes routiers importants, proposent un ensemble de services accessibles aux camping-cars : commerces de proximité (boulangerie, produits du terroir…), restauration et équipements publics (WC, aire de pique-nique, aire de jeux, et aire pour camping-car).

France passion : ce guide (30 €) est un véritable sésame qui s’adresse aux amateurs d’étapes conviviales. Plus de 2000 adresses (10.000 emplacements) sont répertoriées dans toutes les régions de France : vignerons, artisans, producteurs fermiers. Ces étapes pour camping-cars, gratuites et limitées à 24h, privilégient les rencontres humaines et la découverte des terroirs de France.

Park4Night : cette application sur smartphone se révélera indispensable pour trouver les aires d’accueils et bons coins où faire étape. L’appli géolocalise l’aire, le parking ou le camping le plus proche, et vous en donne tous les détails : adresse, photo, nombre de places, tarifs, commentaires.

D’autres solutions d’accueil pour camping-cars existent : propriétaires de terrains privés (HomeCamper, Park and view) et réseaux d’aires d’étapes et d’aires de services (Camping-Car Park). A lire dans notre dossier :

Des applications pour découvrir la France en camping-car

Des arrêtés municipaux illégaux

Si de nombreuses communes respectent leurs obligations d’accueil des camping-cars, d’autres continuent de prendre des arrêtés discriminatoires et multiplient les interdictions spécifiques. Les panneaux d’interdiction de stationnement symbolisant un camping-car, par exemple, n’ont pas d’existence légale. Les barres de hauteur ou portiques, pour limiter l’accès des camping-cars sont interdits, leur vocation est de signaler un obstacle (pont).

Aux restrictions d’accès imposées aux camping-cars, ces communes plaident leur pouvoir de police en matière de stationnement. Les maires étant responsables de la sureté, de la sécurité et de la salubrité publique sur leur territoire, il peuvent encadrer ou interdire le stationnement de certains véhicules. L’arrêt doit être sérieusement motivé et proportionné, limité dans l’espace et le temps. Mais l’interdiction ne peut viser délibérément les camping-cars, il doit concerner une catégorie de véhicules aux caractéristiques de taille, poids, encombrement, clairement définies.

Aujourd’hui un organisme, le CLC*, accompagne les collectivités, les conseille et les aide à développer l’accueil des camping-cars. Le CLC n’hésite pas à mener des actions en justice lorsque des communes se mettent dans l’illégalité. Si de nombreuses décisions sont favorables au CLC et aux camping-caristes, le sujet ne manque pas d’alimenter les discussions sur les réseaux sociaux, les PV abusifs étant encore trop nombreux.

* Le CLC (Comité de Liaison du Camping-car), regroupe les acteurs de la filière du camping-car : constructeurs, distributeurs, loueurs, fédérations et clubs d’utilisateurs, équipementiers, sociétés et organisations du secteur des véhicule de loisirs.

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