En période hivernale les camping-caristes sont toujours aussi nombreux à partir à l’assaut des sommets et des stations de sports d’hiver. Cette tendance ne faiblit pas : les caravaneiges continuent de faire le plein et les aires d’accueils poussent en altitude. Dans le même temps, on observe une montée en gamme, – et en ampères -, des infrastructures pour accueillir des camping-caristes toujours plus gourmands en consommation électrique.
Les caravaneiges : 60 ans de passion
Le développement des stations de haute et moyenne montagne est toujours allé de pair avec l’accueil des véhicules de loisirs. Il faut remonter aux années soixante pour voir les premiers campings ouverts en altitude, à la faveur des « ”Plans neige” qui ont accompagné l’aménagement des stations. A l’époque de la caravane triomphante, ces campings d’altitude ont pris le nom de caravaneiges, Super-Besse, Les Menuires, Val d’Isère, Chamrousse ont été les premières stations à accueillir des campings ouverts l’hiver. Les skieurs installaient leurs caravane de novembre à Pâques, et montaient soit le week-end, pour les locaux, soit à Noël, février et Pâques pour les plus éloignés, évitant de conduire leur attelage sur des routes enneigées. Ces dernières décennies, aux caravanes ont succédé les camping-cars, les mobil-homes, et plus récemment les fourgons et les vans.

200 caravaneiges en France
Aujourd’hui les caravaneiges font partie intégrante du paysage hivernal. Selon la Fédération nationale de l’Hôtellerie de Plein Air (FNHPA) « Sur les 7400 campings en France, on recense aujourd’hui environ 200 campings en montagne l’hiver que l’on peut appeler “Caravaneiges”, répartis sur l’ensemble des massifs (Alpes, Pyrénées, Jura, Vosges, Massif central) », explique Maxime Cellier, secrétaire général de la FNHPA.« Un chiffre qui reste stable, les prix de l’électricité l’hiver ne favorisant pas la démultiplication de ce type d’offres. Les caravaneiges proposent en effet des équipements particuliers adaptés aux conditions hivernales : sanitaires chauffés, bornes hors gel, espaces de convivialité, etc. ».

Économies sur l’hébergement
L’argument économique reste la motivation numéro 1 des usagers des caravaneiges. « Les campings aux pieds des pistes continuent d’attirer les camping-caristes », affirme Yohann Rigollet co-président de la FNHPA Savoie, « malgré l’impact sur le prix de l’énergie depuis la crise en Ukraine beaucoup de personnes constatent que le camping reste bien moins cher qu’une location immobilière classique ». On estime en effet qu’un séjour en caravaneige pour une famille de 4 personnes, emplacement + électricité, peut coûter de 200 € à 450 € la semaine, alors que le coût d’un appartement varie de 700 € à 1850 € la semaine selon la taille de la station, soit de 500 € à 1400 € d’économies.

Camp de base
Les caravaneiges offrent bien d’autres avantages, comme le rappelle Sébastien Anceaux, gérant du camping l’Eden de la Vanoise : « On apporte bien sûr des services pratiques et indispensables dédiés aux sports d’hiver : des rangements pour les skis, des séchoirs pour les chaussures, des douches chaudes, le branchement électrique avec ampérage à la carte. Mais surtout, un caravaneige sert de camp de base pour découvrir l’ensemble d’une vallée. Nous sommes au pieds des arcs et de La Plagne, nos clients peuvent rayonner jusqu’aux stations de Tignes, Val d’Isère, Courchevel, Meribel ou Val Thorens, à seulement 15 à 45 minutes de trajets. Ils ont une totale liberté de mouvements, selon leurs envies ou les conditions météo, et reviennent au caravaneige, qui leur offre un confort supplémentaire avec la piscine chauffée, des soirées vin chaud, et la sécurité pour les enfants qui peuvent faire de la luge dans le camping. »

Tension sur l’électricité
Face à la hausse du coût de l’énergie et aux importants investissements que nécessitent les caravaneiges — qui freinent leur développement —, les gérants, soumis à une demande toujours plus croissante en électricité, ne baissent pas les bras. « Les comportements et besoins des camping-caristes ont considérablement évoluées en quelques années, on est passé de la bouilloire de 600W à la Nespresso à 1200W, idem pour les chauffages électriques énergivores et la multiplication des équipements sur secteur. En conséquence un camping-car consomme de plus en plus d’électricité et de moins en moins de gaz, d’ailleurs on ne vend quasi plus de bouteille » détaille Sébatien Anceaux. « On s’adapte. Les prix de l’énergie ont doublé ces dernières années, les besoins en électricité des camping-caristes augmentent, mathématiquement le prix de nos prestations aussi. Mais nous restons très compétitifs ».

Bornes jusqu’à 16 A
Même constat pour les aires d’accueil qui se développent au plus près des stations de ski. A l’image du réseau Camping-car Park qui dispose de 57 aires en montagnes, en hausse de 30% par rapport à l’année dernière (44 aires), sur les 744 destinations en France. « En montagne, nous sommes effectivement confrontés à des consommations électriques très élevées », précise le directeur général, Olivier Coudrette. « Alors que sur une aire traditionnelle on dispose de 6 A par prise avec un tarif ajusté sur une consommation moyenne, en montagne on doit fournir de l’électricité en permanence avec des consommations très élevées. C’est un investissement plus important pour les collectivités, mais indispensable, à l’instar de nos bornes d’eaux entièrement hors gel avec câbles chauffants. Si nos tarifs sont plus élevés en montagne, ils vont de pair avec la demande croissante de services attendus par nos clients, dont une électricité disponible jusqu’à 10 A voire 16 A selon les aires ».
Évolution du public
Alors que Camping Car Park voit le nombre de nuitées à la montagne doubler en deux saisons hivernales, passant de 56.970 en 2022-2023 à 100.085 en 2024-2025, Olivier Coudrette constate une clientèle étrangère en plein essor « La montée en puissance de l’arrière-saison n’est plus une tendance, c’est une réalité. Les voyageurs étrangers, en hausse de 25 %, belges et allemands principalement, sont devenus un moteur essentiel pour les territoires ». Même constat dans les caravaneiges : « En hiver nous avons une forte proportion de clientèle étrangère, belges, néerlandais, anglais » renchérit Sébastien Anceaux. « Nous voyons aussi un nouveau public loueur de camping-cars ou de fourgons, voire d’un van pour le week-end avec passage obligé dans le caravaneige pour profiter des services. On observe également du regroupement familial, des grands-parents en camping-cars qui rejoignent la famille dans un mobil-home pour passer les fêtes. Et quelques irréductibles en caravanes, disposant d’un bon niveau de vie mais appréciant la vie en extérieur l’hiver, pour profiter du ski, et du soleil qui leur fait défaut ».

28 millions de camping-caristes partent cet hiver
Ce chiffre faramineux nous provient… des USA ! Le syndicat des industriels des véhicules de loisirs (RV Industry Association), vient de révéler les résultats d’une étude menée auprès des camping-caristes américains. Pas moins de 28 millions d’américains prévoient de partir en camping-car cet hiver, dont 9 millions pour Thanksgiving et 7 millions pour Noël. Le camping-car s’impose comme une solution économique aux antipodes des vols onéreux et des aéroports bondés.
« Sans limite de bagages, ni contraintes horaires, qu’ils soient stationnés au pied des pistes de ski du Colorado, en visite chez leur famille sur la côte ou à la recherche du soleil avec leurs animaux de compagnie, les voyageurs en camping-car reprennent le contrôle de leurs déplacements », déclare Monika Geraci, porte-parole de la RV Industry Association. Une tendance largement portée par Les Millennials et la Génération Z, en quête de voyages moins chers et flexibles, dans un contexte d’incertitudes économiques. (Les 18-54 ans constituent 61% des propriétaires de camping-cars aux USA).





